Histoire d'un sans-abri qui ne veut passer dans l'oubli
À propos
Il y a rien vraiment à dire sur moi. Tout est à définir. Il n'y a que la vie que je connais maintenant à commencer un beau jour ou j'avais passé une nuit blanche à regarder par la fenêtre. Ma femme dormait paisiblement dans notre chambre à coucher. Elle n'a jamais remarqué que je ne m'étais pas couché. Elle croyait sans doute que j'étais fraîchement levé. Elle m'a fait un café et est partie prendre une douche après m'avoir dit rapidement au revoir. Je devais aller au travail. Mais je n'y suis jamais allé. J'ai seulement marché, marché et marché. Je ne suis plus jamais revenu à la maison et je ne me suis jamais encore décidé à l'appeler pour lui donner des nouvelles.
Je dors un peu n'importe ou. Dans la rue, dans des endroits abandonnés. Je n'ai pas de travail et n'en veut plus. Peut-être que je retournerai à la vie "normale" un jour. Mais pour le moment elle m'écoeure.
Cela fait quelques jours que je traine dans ce coin. Le propriétaire ou l'employé d'un cybercafé, je ne sais trop qui il est, me donne un café à chaque fois qu'il me voit. Et comme, contrairement à plusieurs gens de la rue, je ne cherche ni ne trouve de bagarre, il m'autorise à me reposer des chaleurs de l'été dans son commerce.
Les ordinateurs m'ont longtemps dévisagés avant que je m'installe devant l'un d'eux. Il y avait longtemps que je n'avais touché à un de ces appareils. J'ai décidé d'écrire quelques jours de ma vie quand je pourrai ou quand je voudrai. Peut-être que je cajole un peu l'idée que ma famille découvre ce site web et qu'elle me reconnaîtrait, qu'elle saurait ce qui est advenu de moi.
Mais je ne veux plus être l'homme d'avant. Je suis un homme qui ne vaut guère mieux que la poussière. Des gens qu'on s'amuse à déloger, à éviter du regard, des gens pour lesquels on éprouve du dédain. Maintenant je veux être connu sous le nom d'Abalien. C'est du latin, une langue morte. Une langue qui donc ne me donne plus aucune origine, c'est un nom emprunté. Un nom mort, comme moi.